«L’objet de ce rapport n’est pas de condamner en soi la consommation de viande au profit d’une révolution alimentaire de type vegan». Le think tank français Terra Nova sait que le sujet est sensible, surtout dans l’Hexagone, mais face aux différentes problématiques qui y sont liées, il appelle néanmoins à son tour à une alimentation moins carnée.
Une réduction quantitative et une amélioration qualitative de la viande
«Tout plaide pour que soit recherché un nouveau compromis entre nos traditions alimentaires et nos impératifs sanitaires, environnementaux et économiques. Ce nouvel équilibre commande une réduction quantitative et une amélioration qualitative de la viande que nous consommons», estiment les auteurs, qui décrivent les mille et un effets négatifs de l’industrie animale: scandales sanitaires, environnement dégradé (hausse des émissions de gaz à effet de serre et «mobilisation de ressources souvent disproportionnée par rapport à leur apport nutritionnel»), maltraitance animale, difficultés financières grandissantes des éleveurs…
Pour Terra Nova, l’objectif est de diviser par deux progressivement, dans les prochaines décennies, la consommation de viande, visant une alimentation composée pour 60% de protéines d’origine végétale (contre 40% aujourd’hui). Pour cela, le think tank propose une dizaine de pistes de réflexion: «la promotion des protéines végétales par les organismes publics de recommandations alimentaires et sanitaires, la mention visible des modes d’élevage et d’abattage sur les produits à la vente, une meilleure valorisation des végétaux par les signes officiels de la qualité et de l’origine (SIQO), une politique de restauration scolaire plus ouverte aux plats végétariens, la formation des cuisiniers et personnels de restauration, l’information et la formation des parents, le contrôle des distributeurs alimentaires dans les lieux publics et collectifs, le développement des primes herbagères agro-environnementales et des aides à la conversion à l’agriculture biologique, le financement des secteurs les plus prometteurs de la FoodTech…»
Le véganisme pas à l’ordre du jour
Cependant, comme ils l’indiquent dans l’introduction, les auteurs n’appellent pas pour autant au véganisme: «S’il correspond à des positions individuelles respectables, un tel objectif nous semble trop éloigné des préférences collectives et du pluralisme alimentaire actuel pour être placé au cœur de nos politiques publiques. Par ailleurs, la viande, en particulier la viande de qualité, reste une source de plaisir gustatif que rien ne nous autorise à montrer du doigt».