La pollution d’origine agricole reste cependant problématique.
Deux ans après avoir dénoncé la politique de l’eau en France, l’UFC-Que Choisir est revenue la semaine dernière avec une étude plus positive autour du thème. Son analyse de 102 sources «prioritaires particulièrement menacées par les pollutions» issues de 27 départements démontre que les mesures de prévention du Grenelle de l’Environnement de 2007 ont été «globalement efficaces» pour préserver l’eau potable sans passer par «une coûteuse dépollution».
L’association a relevé trois éléments clés. Tout d’abord, le plus positif: une baisse des pollutions pour deux tiers des sources étudiées. «Il apparaît que les programmes de protection ont entraîné une baisse des pollutions en nitrates ou en pesticides dans 60% des cas et ont permis d’arrêter la progression des pollutions pour le quart des captages», détaille l’UFC-Que Choisir dans un communiqué.
Des mesures obligatoires efficaces
L’association souligne un deuxième fait indéniable: les mesures obligatoires sont trois fois plus efficaces que les mesures volontaires. «Les baisses de pollutions en nitrates sont trois fois plus importantes quand les plans d’action ‘’Grenelle’’ contiennent des mesures d’application obligatoires (en moyenne, -23% de nitrates) par rapport aux plans d’action dont les mesures sont strictement volontaires (-8%)», souligne-t-elle.
Enfin, une mauvaise nouvelle: le bio et le reboisement sont dans l’impasse. L’UF-Que Choisir déplore «un très faible développement de l’agriculture biologique et des surfaces boisées dans les aires de captage, alors que ces modes de production sont particulièrement efficaces pour limiter les pollutions dans les zones sensibles».
Pour l’application du principe de pollueur-payeur
Un regret alors que les pollutions d’origine agricole sont toujours aussi répandues en France. «En deux décennies, les nitrates n’ont pas diminué dans les nappes phréatiques, quand les pesticides dépassent les seuils légaux de potabilité sur la moitié du territoire français pour les cours d’eau et sur le tiers pour les nappes phréatiques», souligne l’association, qui dénonçait déjà il y a deux ans que le principe de pollueur-payeur ne soit pas pleinement appliqué.
En effet, ce sont les consommateurs et non les agriculteurs qui payent pour le traitement des eaux polluées par les nitrates et autres pesticides: «C’est un surcoût compris entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros annuellement qui est supporté par les consommateurs via leur facture d’eau.»
Mais l’UFC-Que Choisir se veut encourageante et estime que, en vertu de l’efficacité des mesures de prévention du Grenelle de l’environnement de 2007, il est urgent de les déployer à toutes les sources françaises, soit près de 35 000. «C’est seulement ainsi que la politique de l’eau pourra combiner protection de l’environnement, de la santé et baisse des pollutions», conclut-elle.