Alors que le renouvellement de la licence du glyphosate en Europe va être discuté dans les prochains jours par la Commission européenne, une nouvelle étude britannique publiée le mois dernier par Science estime que, plutôt qu’un retrait soudain, une meilleure régulation est nécessaire, prenant pour modèle celle utilisée pour les antibiotiques.
Les analyses montrant que des pesticides respectueux de l’environnement sont fausses
Alice Milner et Ian Boyd rappellent qu’en Europe, près de 500 substances actives utilisées dans les pesticides sont approuvées, dont des insecticides, fongicides, herbicides et régulateurs de croissance des plantes. Or, «lorsqu’ils sont utilisés à des échelles industrielles, les pesticides peuvent nuire à l’environnement», reconnaissent les chercheurs, remettant en question les tests des industriels car ils sont menés à petite échelle sur seulement quelques espèces précises: «L’hypothèse actuelle sous-jacente à la réglementation des pesticides que les produits chimiques qui passent une batterie de tests en laboratoire ou dans des essais sur le terrain sont respectueux de l’environnement lorsqu’ils sont utilisés à échelle industrielle est fausse».
Sans oublier les incertitudes concernant la santé, ce qui fait qu’«une meilleure réglementation est nécessaire pour contrôler la manière dont les pesticides sont utilisés». Celle-ci ne passe pas, selon eux, par un retrait soudain des pesticides, mais plutôt de forme graduée, car «les systèmes agricoles ont besoin de temps pour s’adapter» et cela permettrait aux fabricants comme aux agriculteurs de penser à des innovations alternatives pour les cultures. «La réglementation peut aider à rendre l’utilisation d’un pesticide plus proportionnée au compromis entre coûts et bénéfices», soulignent Alice Milner et Ian Boyd.
Réguler les pesticides comme les antibiotiques
Les scientifiques suggèrent de s’inspirer de la réglementation ainsi que du processus de mise sur le marché des antibiotiques. En effet, antibiotiques comme pesticides sont utilisés en premier recours alors qu’il faudrait les utiliser de manière plus raisonnable; de même, ils rencontrent des problèmes d’efficacité face à la résistance de certains organismes. Cela est en train de résulter, dans le cas des médicaments, sur une réflexion mondiale sur le sujet.
Il faudrait ainsi, comme l’Organisation mondiale de la santé avec les antibiotiques, un organisme international chargé de réguler l’usage des pesticides. A l’heure actuelle, des textes ont été rédigés par l’OCDE et la FAO, mais les réglementations nationales varient et priment. En d’autres termes, concluent les chercheurs, comme il existe une pharmacovigilance, une pesticidovigilance est requise.