Cette année encore, une centaine de militants s’est réunie devant le Salon de l’agriculture. Le but de l’action était d’«interpeller et de remettre en question le spécisme» qui s’est installé selon eux dans la société.
Pour rappel, le spécisme est l’idée d’une hiérarchie inter-espèce, qui insiste davantage sur la soi-disant supériorité de l’être humain sur tous les autres animaux.
Mauri, Rémi et le petit chien, Ixo
Mauri travaille dans l’édition. Pour elle, militer est important pour sensibiliser les passants à la cause animale. «Par défaut, le reste suit» dit-elle. Rémi poursuit en rappelant qu’il faut «montrer que tout le monde n’est pas d’accord avec ce qu’il se passe, qu’il faut se manifester.»
Pour eux, faire acte de présence est important. «Même si les passants ne sont pas interpellés sur le moment, des choses restent. A force de nous voir, ils peuvent se poser des questions, c’est comme une piqûre de rappel.» Les deux militants notent également que la question animale est de plus en plus médiatisée.
Marie-Line et Mireille
C’est également ce que pense Mireille. Selon elle, cette action n’a pas plus d’impact qu’une autre. «Je pense que c’est l’accumulation de plusieurs choses. La fusion médiatique joue beaucoup aussi. Petit à petit, on se rend compte que la cause animale, L214 avec les abattoirs et cætera passent au journal télévisé.» précise-t-elle. Végane depuis un an et demi environ, elle est une militante active, notamment auprès de l’association L214.
Il en va de même pour Marie-Line. Végétarienne depuis trois-quatre ans, elle est en passe de devenir végane. Si elle ne dépend pas d’une association en particulier, elle milite également pour la cause animale, en plus d’être bénévole dans le refuge de l’Association 4A. Si elle remarque que de plus en plus de personnes commencent à être sensible à cette cause, elle juge que les choses «ne se feront pas du jour au lendemain».
Carole et Simon
Carole et son fils, Simon, sont devenus végétariens en même temps. Aujourd’hui vegans, ils nous expliquent pourquoi ils militent. «Nous pensons que, pour lutter contre l’exploitation animale, il faut non seulement se changer soi, mais il faut aussi montrer aux autres que c’est un sujet politique», développe Simon. Pour l’étudiant en sciences politiques, la cause animale n’est pas qu’un mode de vie individuel, mais véritablement un sujet sociétal. Selon lui, il faut «agir à l’égard des producteurs, de ceux qui exploitent les animaux, même s’ils sont pris dans un système et qu’ils ne sont pas forcément coupables», ajoute-t-il.
Psychologue de profession, Carole poursuit en décrivant un rapport de force où les défenseurs des animaux sont en minorité. «Il faut se montrer face aux éleveurs, aux producteurs et au système qui entretiennent le spécisme lorsque l’occasion se présente», précise-t-elle. Simon revient ensuite sur les différentes natures des actions menées le samedi 24 février dernier : «Je pense qu’il faut une action officielle, qui est forcément limitée, et également une action plus démonstrative, même si non-violente, à l’intérieur», dit-il en faisant référence à l’action menée par l’association 269 Life France menée dans le Salon plus tôt dans la journée.
Auguste et sa marraine, Julie
Julie travaille au ministère de la culture. Végane depuis plus de trois ans, elle explique qu’un jour, Auguste a voulu l’accompagner à une action L214. «Ça lui a beaucoup plu. Il a entendu ce qu’il se passait et maintenant il essaie de progresser de son côté.» Entouré d’une maman, d’une tante et d’un grand-père végétariens, le jeune garçon l’est «à mi-temps». «A l’école, de toute façon, la viande elle n’est vraiment pas bonne» s’exclame-t-il.
Julie revient ensuite sur des images vues la veille à la télévision. Elles montraient des poules avec toutes leurs plumes, sur de la paille fraîche, mais aussi de la musique jouée pour les vaches. Ces images faussées mènent des personnes pas forcément concernés par cause animale à penser que c’est la normalité. «C’est comme si nous dénoncions une exception et que la normalité était ce qu’on nous montre à la télé, ce qui ne représente même pas 5% de l’élevage.» Le témoignage de sa marraine a rappelé à Auguste une autre anecdote. «A l’école, raconte-t-il, ma professeur de S.V.T. a dit qu’on ne pouvait pas vivre sans viande. J’en étais bouche bée ! »
Pour la jeune femme, il est très important d’être présent pour essayer de contrebalancer cette situation. Bien que l’avancée se fasse lentement, Julie ne cache pas son enthousiasme quant à l’avenir de la condition animale. «Je pense qu’on est trois fois plus nombreux que l’an passé, je suis super contente!» dit-elle.
Selon elle, il faut rappeler aux autres personnes que la plupart des vegans étaient comme eux avant. «A un moment, j’ai ouvert les yeux et, au fur et à mesure, ma conscience a changé. Je vois maintenant tout ce qu’on m’a inculqué de façon inconsciente, c’est fou!» Elle ajoute que le simple fait d’être vegan et de l’assumer est un acte qui bouscule les consciences. Quant au petit Auguste, à peine en sixième et déjà engagé, il affirme que ses camarades de classes ne se posent aucune question pour l’instant: «ils ne s’en rendent pas vraiment compte», dit-il.