Retournement de situation concernant les delphinariums français. Le Conseil d’Etat a annulé ce lundi l’arrêté ministériel de mai dernier interdisant la reproduction des dauphins et des orques en captivité, qui aurait été «pris au terme d’une procédure irrégulière».
Les parcs aquatiques ravis
En effet, la première version du texte, rédigé avec des associations de défense des animaux, avait été durcie sans consultation préalable dans un second temps, interdisant la reproduction des dauphins et des orques, et non plus seulement de ces derniers. Une nouvelle consultation aurait dû être requise car cela condamnait à terme les activités des parcs aquatiques français.
«C’est une excellente nouvelle pour nos animaux et les parcs zoologiques de France. Il est important que les modifications significatives de la réglementation qui s’applique aux animaux que nous hébergeons soient basées sur des faits scientifiques et soient adoptées conformément aux exigences légales», s’est félicité dans un communiqué Pascal Picot, directeur général de Marineland, cité par La Dépêche.
«Un immense pas en arrière pour la France»
Cette victoire pour le parc d’Antibes, soutenu par le Parc Astérix et Planète Sauvage, alors que le même Conseil d’Etat avait pourtant confirmé l’interdiction en août dernier après un premier recours, a provoqué la colère des associations de défense des animaux.
«L’annulation de cet arrêté progressiste est un immense pas en arrière pour la France. Il signifie le prolongement des souffrances des dauphins et des orques captifs dans les parcs marins», a indiqué Peta dans un communiqué. «La reproduction en captivité implique l’insémination forcée des femelles afin que leurs petits soient à leur tour exhibés dans de minuscules bassins en béton. L’espérance de vie de ces animaux est fortement réduite en captivité et ils meurent fréquemment d’infections et de maladies provoquées par leurs conditions de vies non naturelles et stressantes. Huit orques sont déjà mortes au Marineland d’Antibes, toutes de façon prématurée», ajoute-t-elle.
Appel à Nicolas Hulot
Pour leur part, la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA), l’association C’est assez! et l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), ont déploré dans un communiqué «cette décision, à l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent contre les spectacles avec animaux sauvages».
Néanmoins, la satisfaction des parcs aquatiques ne pourrait être que de courte durée. Les associations ont immédiatement demandé à rencontre Nicolas Hulot afin d’envisager la rédaction d’un nouvel arrêté en bonne et due forme. Le ministère de la Transition écologique a indiqué qu’il prenait acte de la décision du Conseil d’Etat et allait réfléchir «à l’étape suivante», selon La Dépêche. Nicolas Hulot a déjà fait part publiquement de son opposition aux spectacles d’animaux en captivité.
Retour à la case départ
Rien n’est donc perdu même si, de fait, toutes les autres avancées de l’arrêté sont annulées, à savoir l’augmentation du volume des bassins, la mise en place de zone d’ombre, l’enrichissement du milieu de vie, l’interdiction de l’utilisation de produits chlorés et l’arrêt des spectacles de nuit et des contacts directs entre public et animaux.
Peta a appelé Marineland à «donner une fin de vie décente à ceux qui sont déjà en vie, en les transférant ou en transformant le parc en sanctuaire côtier pour enfin leur rendre un semblant de vie naturelle». De son côté, l’ex-ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, à l’origine de l’arrêté comme du vice de procédure – la version finale avait été publiée dans les derniers jours de son mandat, a affirmé sur Twitter avoir «pris (ses) responsabilités»:
Et pourtant il y a de la maltraitance sur les #dauphins, (ce que les spectateurs ignorent). Certains sont drogués et affamés pour les contraindre. Le bien-être animal doit être inscrit dans notre droit pour faire évoluer les mentalités des juristes. https://t.co/1nxGCk8Rz3
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) January 29, 2018