L’Association Végétarienne de France (AVF) est la principale association française assurant la promotion du végétarisme dans l’hexagone. Nous sommes allés à la rencontre d’Élodie Vieille Blanchard, qui la préside depuis septembre 2013…
L’AVF, c’est quoi?
Il s’agit de la principale association consacrée au végétarisme en France. Fondée il y a une vingtaine d’années, elle s’appelait initialement « Alliance Végétarienne ».
L’un de nos objectifs est d’apporter un soutien aux végétariens, en leur apportant des informations nutritionnelles, des recettes, des conseils juridiques, mais aussi des occasions de se rencontrer et d’échanger.
Mais nous cherchons surtout à développer le végétarisme dans la société. Cela passe par des campagnes de communication, l’organisation de conférences ou de cours de cuisine, la tenue de stands… Nous avons un réseau de délégués très actifs en région. C’est la force de l’AVF.
Enfin, nous faisons la promotion de l’alimentation végétarienne, pour toutes et tous! Notre but est de rendre ce mode d’alimentation facile, convivial, presque banal, en somme, pour qu’il devienne de plus en plus facile de faire la transition vers le végétarisme. Il n’est pas nécessaire d’être Italien ou Italienne pour manger des pizzas, et il n’est pas non plus nécessaire d’être végé pour apprécier la cuisine végétarienne!
La croissance de l’AVF est très forte. Nous allons bientôt atteindre les 4.000 membres alors qu’il y a 5 ans, nous étions moins de 700! Et notre page Facebook affiche plus de 35.000 fans.
La campagne « Jeudi Veggie » est l’une des plus emblématiques de l’AVF…
En effet! C’est une campagne ludique et positive qui vise à faire découvrir l’alimentation végétarienne comme une alternative crédible à l’alimentation « traditionnelle ».
L’idée est d’offrir une porte d’entrée à l’univers végétarien, et pour nous la dimension pédagogique est très importante. Dans le cadre de cette campagne, nous proposons de nombreuses recettes, un site Internet plein de bonnes idées.
Nous avons également créé un cycle pour s’initier aux bases de la cuisine végétarienne, Easy Veggie. Il est animé par Ôna Maiocco et a lieu dans son atelier à Paris, Super Naturelle. Les séances sont une occasion d’apprendre la cuisine et la nutrition, et de se faire plaisir. Le public est varié: végétariens, véganes, flexitariens, personnes en transition…
Vous essayez d’être une association la plus ouverte possible?
Pour nous, le choix du végétarisme ne peut pas s’imposer de l’extérieur, il résulte d’un cheminement personnel. Mais nous essayons de lever tous les blocages qui empêchent les personnes de devenir végétariennes, par exemple ceux qui sont liés au discours nutritionnel dominant. À ce sujet, nous avons organisé récemment un débat avec Jean-Michel Cohen, qui avait affirmé que les enfants végétariens étaient « petits et bêtes ».
Notre association est ouverte à toutes les personnes intéressées par le végétarisme, quelles que soient leurs motivations (éthique, écologie, santé, plaisir de manger…) et quel que soit leur degré de végétarisme. D’ailleurs beaucoup de nos membres ne sont pas eux-mêmes végétariens.
Que prévoyez-vous pour 2014?
Tout d’abord continuer à développer « Jeudi Veggie » et notamment dans les restaurants, pour qu’il soit très facile de manger végé en dehors de chez soi. Nous tenons aussi à professionnaliser la communication de l’AVF pour que notre association soit plus visible dans l’espace public. Nous venons de lancer un audit sur nos outils de communication. Et la nouvelle version de notre site internet va bientôt sortir.
D’ailleurs, je tiens à saluer le travail de ma prédécesseure, Isabelle Dantzer. C’est une personne très consciencieuse, qui a beaucoup oeuvré pour professionnaliser l’association et notamment notre revue. Nous ne faisons que prolonger son travail.
Venons-en à toi. Comment en es-tu venue au végétarisme?
J’ai grandi à la campagne. Mes parents étaient enseignants mais mes grands-parents étaient éleveurs. Les vaches, les moutons faisaient partie de mon paysage quotidien. J’ai commencé par refuser de manger la chair de certaines espèces d’animaux qui éveillaient chez moi de la tendresse – les lapins, les moutons – avant de progressivement cesser de manger les animaux terrestres puis marins.
Aujourd’hui, je suis 100% végane. Ce qui m’apparaissait au départ comme une « préférence personnelle » est devenu pour moi une question de justice. Dans le même temps, je me suis engagée de plus en plus dans le monde associatif végétarien.
Tu es professeur de mathématiques en lycée « adapté », avec des élèves handicapés moteurs. Cela a une une influence sur la façon dont tu défends la cause?
Je crois que dans toutes les situations de la vie, la manière dont on s’adresse aux autres est fondamentale. Dans mon travail de prof, j’essaie toujours de cultiver la bienveillance à l’égard de mes élèves et de les aborder comme des personnes en devenir, de ne jamais les figer dans leurs difficultés. Leur donner des outils pour progresser, s’ils veulent les saisir, afin qu’ils puissent développer le meilleur de leurs capacités.
Cette approche me semble beaucoup plus fructueuse que celle qui consiste à juger ou à culpabiliser. En tant que végane, je cherche également à témoigner de mon choix et de mon parcours, j’apporte des informations quand cela est possible, mais je ne juge pas. Il appartient ensuite à chaque personne de faire son chemin.
Comment réagissent tes collègues de travail?
Dans mon lycée, je suis la seule végétarienne et pourtant… tous les lundis c’est repas végétalien! C’est venu spontanément et on le fait depuis trois ans! Tout le monde apporte un plat 100% végétal, et on partage. C’est vraiment très agréable. Et cela résume bien la manière dont réagit mon entourage.
Dans le dernier livre que tu as co-écrit, tu relaies l’idée que l’élevage a une empreinte écologique très lourde. Pourquoi les écolos français n’en parlent jamais?
Disons que les écologistes français en parlent peu. Il y a une sorte de tabou concernant l’alimentation: on voit souvent les choix alimentaires comme des choix personnels, privés. Mais pourtant ces choix ont des impacts écologiques très importants!
Pour moi, le mouvement écologiste français est peu réceptif à ces arguments parce qu’il y a encore trop peu de végétariens en France, et peut-être aussi parce que le mouvement écologiste français est assez lié à la Confédération Paysanne (un syndicat dans lequel les éleveurs sont très représentés).
J’observe que la situation est très différente à l’étranger. Notamment en Allemagne ou en Angleterre.
Pour autant, le végétarisme semble évoluer dans l’hexagone…
Les mentalités changent très vite. Pour moi, Internet joue un rôle très important. Tout le monde a désormais accès à de très nombreux documents à la fois sur la nutrition et sur la réalité des élevages et des abattoirs. Je crois que l’alimentation carnée s’appuie sur l’invisibilité des traitements faits aux animaux; rendre ces traitements visibles est donc un véritable catalyseur pour le végétarisme!
>> Le livre Faut-il arrêter de manger de la viande? est disponible pour 9,41 euros sur le site de la maison d’édition Le Muscadier ou Amazon.fr. Signalons aussi qu’une conférence-débat aura lieu le 20 mai 2014 à l’école PPA (5 rue Lemaignan, 75014 Paris) avec les trois auteurs du livre.
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