La Veggie Pride se déroule à Paris le 10 mai. Et comme chaque année depuis son lancement en 2001, plusieurs milliers de végés sont attendus pour affirmer leur fierté de ne pas consommer des animaux et dénoncer la végéphobie.
Pour mieux comprendre l’événement, nous avons rencontré son fondateur.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter?
Je m’appelle David Olivier et j’ai 58 ans. Physicien de formation, je travaille comme informaticien à l’université Lyon 2. Cela fait près de trente ans que je milite et j’ai cessé de manger des animaux. Je suis aussi à l’origine de la revue « Les Cahiers antispécistes » lancée en 1992, et des Estivales de la question animale, rencontres annuelles ouvertes aux personnes intéressées par la question des animaux en tant qu’êtres sensibles.
La Veggie Pride, c’est quoi?
C’est une manifestation dont le but est de donner la parole aux personnes – aux végétariens – qui remettent en cause concrètement, en refusant de manger les animaux, la légitimité de leur élevage et abattage.
Quand avez-vous eu l’idée de lancer cet événement?
A l’automne 2001. Le public était sous le choc des images de tueries massives à ciel ouvert des animaux touchés par la fièvre aphteuse. Le sentiment de culpabilité envers eux était palpable, mais on faisait comme si la solution – cesser de les manger – n’existait pas. Jamais on ne donnait la parole aux végétariens. C’est cette auto-censure de la société que nous voulions briser.
D’ailleurs, comment s’est passée la première marche?
Tout a été organisé très rapidement. Nous sommes retrouvés au centre de Paris en octobre 2001 à 150 environ. En choisissant la capitale politique de la France, nous voulions marquer le fait que notre propos touche une question politique, une question de justice, concernant nos choix collectifs. Il ne va pas de soi que les animaux n’ont d’autre droit que de nous servir de nourriture. Nous avons rédigé un manifeste, qui exprime nos buts. Les animaux sont massacrés par milliards. On les tient pour muets, leurs cris ne comptent pas. Nous parlerons pour eux jusqu’à ce que le massacre cesse.
Concrètement, que dénoncez-vous?
La végéphobie, non dans le but de contraindre les gens à être d’accord avec nous, mais au contraire pour que le débat soit possible, de manière posée et rationnelle, arguments contre arguments, plutôt que noyé systématiquement sous un flot de ricanements et de faux arguments de niveau maternelle. Nous dénonçons aussi la végéphobie d’État, celle des autorités de santé publique qui diffusent un message systématiquement pro-viande, qui interdit le végétarisme dans les cantines et qui n’apporte aucune information nutritionnelle utile aux personnes et aux familles qui rejettent la consommation des produits animaux.
En France, c’est plus facile d’être végétarien en 2014 qu’en 2001, non?
Aujourd’hui, la situation a progressé et de nombreux végétariens sont sortis du placard. À travers les médias, les intellectuels, les livres, le débat public existe. Il est devenu audible de revendiquer la fermeture des abattoirs et la reconversion des bateaux de pêche.
Qui peut venir manifester le 10 mai?
La manifestation est ouverte à toutes les personnes qui sont végétariennes pour les animaux. Un point qui me frappe toujours est la diversité des participants. C’est dans toutes les couches de la société, à tous âges, que les gens remettent en cause ce que nous infligeons aux animaux.
>> Découvrez le programme de la Veggie Pride
Article mis à jour le 6 mai 2014
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