Bien manger en cuisinant soi-même, voilà une recommandation classique que peut faire un médecin, mais qui n’est pas aussi simple à appliquer ensuite. Pour aider leurs patients à ce qu’ils la respectent vraiment, des praticiens américains ont décidé de leur prescrire des cours de cuisine ou même de leur apprendre eux-mêmes à cuisiner.
«J’avais besoin de faire plus que de donner aux patients un fascicule. Je devais avoir une cuisine dans mon cabinet. J’essaie de donner beaucoup de prescriptions qui sont des recettes pour voir si nous pouvons régler un problème avec de la nourriture», explique au New York Times Nimali Fernando, pédiatre de Virginie, qui a créé un atelier de nutrition en 2004.
Une mauvaise alimentation souvent liée aux maux
Selon elle, de nombreux symptômes qu’on ne soupçonnerait pas, comme l’anxiété, sont en réalité liés à une mauvaise alimentation. «Quand vous connectez les indices, vous pouvez voir comment les aliments sont souvent liés aux symptômes», souligne-t-elle. A l’aide de la cuisine qui se trouve à côté de son cabinet, elle peut ainsi montrer gratuitement aux parents de ses jeunes patients quelques exemples qu’ils peuvent réaliser chez eux. Si besoin, elle leur prescrit des cours de cuisine.
«Le Dr Fernando a pris le temps de nous expliquer et de nous montrer comment cuisiner la nourriture qu’elle veut que Michelle mange pour être en bonne santé. Nous consommons maintenant des boissons à base d’amande, des légumes et des salades, très peu de viande rouge. Même lorsque nous mangeons dehors, nous mangeons plus sainement», témoigne la mère d’une patiente pré-diabétique.
«La nourriture peut être vue comme un remède»
«La plupart des médecins me donnent simplement des documents avec des conseils sur ce qu’il faut manger et ne pas manger. Ils me disaient simplement de suivre ce qui se trouvait sur le document, mais cela n’a pas aidé», raconte la mère d’un autre patient de 10 ans, qu’elle a inscrit à un programme d’éducation culinaire lancé par l’hôpital pour enfants de San Antonio (Texas).
«La nourriture peut être vue comme un remède, particulièrement pour les enfants», confirme la responsable de ce programme, dont le concept est ainsi de plus en plus répandu aux Etats-Unis, même s’il reste encore beaucoup à faire.
«J’adorerais voir les cours de cuisine devenir aussi communs que les salles de gym»
Le New York Times rappelle en effet que seulement 27% des écoles de médecine américaines proposent une formation sur la nutrition et à peine un tiers des cardiologues américains jugent leurs connaissances en la matière à jour alors que l’accès à une mauvaise alimentation pour un moindre coût fait aujourd’hui partie intégrante de la culture américaine.
David Eisenberg, responsable du programme de nutrition à Harvard, de conclure ainsi, sur un espoir: «J’adorerais voir les cours de cuisine devenir aussi communs que les salles de gym, et leur permettre de faire partie de notre système de santé».