C’est un projet très original et surtout utile qui a été récompensé cette année par le concours d’architecture du magazine spécialisé américain eVolo. Le gratte-ciel «Mashambas», imaginé par les Polonais Pawel Lipiński et Mateusz Frankowski, n’abrite ni bureaux ni logement, mais une véritable ferme éducative géante, mobile et multifonctions, qui aurait pour vocation d’être situé notamment en Afrique subsaharienne pour lutter contre la faim.
Effacer l’échec de la révolution verte en Afrique
Les deux concepteurs sont partis du constat que la révolution verte, qui a doublé la production de céréales dans le monde depuis les années 1960, n’avait jamais réussi à émerger dans cette région du monde malgré plusieurs tentatives et en raison de divers facteurs infrastructurels et politiques.
«L’objectif principal du projet est d’apporter cette révolution verte aux personnes les plus pauvres. Apporter une formation, des engrais et des semences aux petits agriculteurs peut leur donner l’occasion de produire autant que d’énormes exploitations modernes. Lorsque les agriculteurs améliorent leurs récoltes, ils sortent de la pauvreté. Ils commencent également à produire de l’excédent de nourriture pour leurs voisins. Lorsque les agriculteurs prospèrent, ils éradiquent la pauvreté et la faim dans leurs communautés», expliquent Pawel Lipiński et Mateusz Frankowski.
Un centre éducatif mobile
Ils voient ainsi Mashambas («terre cultivée» en swahili) comme un centre éducatif mobile, pouvant être installé dans les régions les plus pauvres du monde, fournissant des formations sur les techniques agricoles, des engrais peu coûteux et des outils modernes. Au rez-de-chaussée, on retrouve une zone de négociation qui maximise les bénéfices tirés des ventes des récoltes. Aux étages, des salles de classe, des zones de culture…
«L’agriculture autour de l’édifice fleurit, la structure augmente tant que le nombre de participants augmente et lorsque la communauté locale devient autosuffisante, elle est transportée vers d’autres endroits», indiquent les architectes. «Les terres agricoles fertiles d’Afrique pourraient non seulement alimenter leur propre population croissante, mais aussi le monde entier», concluent-ils. Il ne reste plus qu’à voir pousser Mashambas.