Ces dernières semaines, plusieurs commerces de bouche de France et de Suisse ont été la cible d’actions de vandalisme (vitres cassées, tags). Des actions répétées qui font polémiques. Les messages semblent clairs, «Non au spécisme».
Militer pour défendre les animaux, très bien. Mais sous cette forme, vraiment?
La violence ne résoudra pas la souffrance animale
Récemment une militante de la cause animale a été condamnée pour s’être réjouit de la mort du boucher de Trèbes lors des précédents attentats en France.
Nous l’avions déjà écrit: l’action violente ne saurait être une réponse efficace à la souffrance animale, si massive soit-elle. Le véganisme est une philosophie de vie intrinsèquement liée à la non-violence. Une non-violence qui s’applique envers tous les êtres sentients peuplant cette terre.
Relevons cependant qu’au sein du mouvement animaliste, les militants sont très nombreux à rejeter ces actions. Ce qui confirme une vraie divergence déjà observée entre plusieurs groupes, qui ne s’accordent définitivement pas sur quelle est la meilleure façon d’agir pour les animaux.
Convaincre par l’exemple
La psychologie peut nous apporter des éléments intéressants pour provoquer le changement social. Nick Cooney, fondateur de The Humane League, une organisation pour les droits des animaux, a longtemps travaillé sur ces sujets. L’une de ses conclusions est qu’on a beaucoup plus de chance d’être influencés par des personnes qui nous ressemblent.
En effet, de même que la plupart de vos contacts finiront par vous ignorer sur Facebook car vous partagez sans cesse des images de tortures animales, ils s’écarteront de vous car vous soutenez ou participez à des actions violentes, qu’ils ne comprendront pas.
C’est d’ailleurs pourquoi l’émergence de personnalités végétariennes ou véganes dans les médias a un véritable impact. Elles ont un positionnement pacifiste, simple, auquel il est facile de s’identifier. «J’adore cette personne, j’ai envie de lui ressembler, elle est végane. Et si je me renseignais? Et si j’essayais moi-aussi?».
Tomber dans le piège
Suite à ces actions, le président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, a demandé la protection de la police pour lutter contre ces «actes de vandalisme perpétrés par des vegans», ajoutant même «ne pas être opposés à eux», et simplement vouloir «travailler tranquillement».
Les bouchers, probablement bien conseillés, on fait preuve d’une certaine intelligence en adoptant une stratégie qui fonctionne toujours: positionnement calme, victimisation. Efficace. Une délégation a même été reçue au ministre de l’Intérieur.
Pendant ce temps, certains médias s’en donnent à cœur joie: «Attaques de véganes: les anti-viande montrent les dents», «Les vegans sont-ils tous des casseurs de boucheries?» ou encore «Les vegans vont-ils trop loin?», pouvait-on récemment lire récemment sur LCI.
Le piège était béant, ces quelques militants y sont tombés dedans, emportant avec eux une partie du mouvement animaliste, qui n’avait pourtant rien demandé. De quoi brouiller le travail des organisations sérieuses qui agissent au quotidien pacifiquement et efficacement pour les animaux.
Soyons extrêmement pacifistes
En France, L214 a connu une trajectoire remarquable ces dernières années. Avec ses caméras cachées et ses actions pacifiques, l’association a réussi à nouer des contacts solides avec le monde politique, le monde médiatique, tout en s’attirant une vraie bienveillance du grand public. En tout cela, elle a grandement participé à faire avancer la cause animale dans le pays.
Elle a jugé bon de se désolidariser des attaques envers les boucheries, rappelant un positionnement que nous ne cesserons jamais de partager: face à un extrémisme, soyons surtout extrêmement pacifistes.
Une nouvelle étape
Aujourd’hui, le mouvement animaliste est moins marginalisé qu’il y a quelques années. Et c’est très bien. Mais maintenant, celui-ci doit passer une nouvelle étape: celle de convaincre le grand public. Et justement, ce ne sont pas avec des actions de caillassage que monsieur et madame tout le monde seront sensibilisés.
Si ces actions peuvent séduire, cela représente une infime portion de la société. Or pour changer efficacement le sort des animaux – l’objectif commun de tous les militants pro-animaux – c’est l’ensemble de la société qu’il faut convaincre, et non pas quelques personnes.
Devenir meilleur pour changer le monde
Un moyen efficace pour rendre le monde meilleur est de commencer par le devenir soi-même, en adoptant des actions toujours plus positives. Et cela passe aussi par un militantisme bienveillant, fait d’ouverture et de dialogue envers l’autre.
Un personnage historique a longtemps soutenu cette voie. «La non-violence ne consiste pas à renoncer à toute lutte réelle contre le mal. C’est au contraire, contre le mal, une lutte plus active et plus réelle que la loi du talion» soutenait-il. Il a plutôt bien réussi. Il s’appelait Gandhi.